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La survivance de la destruction

La destruction fait partie de l'histoire naturelle du monde

Ce qui a été fut porteur de sens, tissu de liens invisibles, réseaux interagissants

Ce qui a été fut grand ou petit, important ou insignifiant

La disparition est toujours latente et provoque des renversements

Les traces, quelles traces?

Ce qui est,

Ce qui sera emporte avec soi le mille-feuille de ce qui fut

L'histoire faite par les hommes se veut téléologique

Oublieuse des couches-sédiments du passé


Comme les "schuttberg", ces collines artificielles de gravats provenants des décombres des villes allemandes bombardées par l'aviation alliée. Un feu coulant du ciel.


Schuttberg - Neuhausen-Nymphenburg, Munich, Allemagne


"Alors l'Eternel fit pleuvoir du Ciel sur Sodome et Gomorrhe du souffre et du feu (...) Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. La femme de Lot regarda en arrière et elle devint une statue de sel. Abraham (...) vit s'élever de la terre une fumée, comme la fumée d'une fournaise"


Genèse, 19, 24-28


Ces montagnes paisibles, ces paysages bucoliques renferment une passé tragique, enfoui

A la fois présent et absent

Visible et invisible

Tellement éblouissant de normalité, tellement obscur

"Cet obscur objet du désir" qui se dérobe toujours à nos avances

Reste le vide mais un vide trop-plein


Forêt de Katyń, Pologne


Le travail d'Ori Gersht est, à cet égard, exemplaire. Séduisants, les paysages qu'il place sous nos yeux nous troublent. A première vue, il ne sortent pas de l'ordinaire. Mais il s'agit en réalité de sites marqués par des traumatismes: le désert de Judée, Sarajevo, Auschwitz, la Galice en Ukraine ou encore la "route Líster" dans les Pyrénées (Portbou, où Walter Benjamin, désespéré, se donna la mort pour échapper à barbarie nazie).


Ori Gersht - Far Off Mountains and Rivers (2009) Courtesy Angles Gallery, CRG Gallery, Mummery + Schell, and Noga Gallery © Ori Gersht


Dans la série "White Noise" (Pologne, 1999-2000), Ori Gersht a photographié son voyage en train de Cracovie à Auschwitz. « La photographie est idéale pour enregistrer les détails, mais l'appareil ne peut pas parler de la profondeur, de l'émotion liée aux événements qui ont eu lieu » déclare l'artiste. En résulte des images blanches, évocation de l' « absence frustrante ».


Ori Gersht - White Noise: Untitled #9 (1999) Courtesy Mummery + Schell © Ori Gersht


Les photos d'Ori Gersht exhalent la tension entre beauté et violence, mémoire et histoire. Le photographe qui est également vidéaste pousse l'appareil photographique dans les limites de ce qu'il peut enregistrer. Mais il pousse également notre oeil dans les limites de ce qu'il peut/veut voir. La charge émotionnelle qui transpire de ces paysages à la beauté envoutante ressort de la violence qui y est contenue, de la catastrophe invisible qui survit.


Après Warburg et Benjamin, « l'histoire de l'art des une histoire de survivances » affirme Georges Didi-Huberman, toute image, fût-elle celle d'un paysage a priori banal « est douée d'une actualié intégrale de tous côté ouverte » (Walter Benjamin, cité par Georges Didi-Huberman, "Introduction", in Giovanni Careri et Georges Didi-Huberman (dir.), L'histoire de l'art depuis Walter Benjamin, Paris, Editions Mimésis, 2015, p. 10).



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